Je sais ce que vous allez me dire, que j’ai une obsession pour les plateformers avec des ombres etc. Hé bien il faut sachoir que point du tout, c’était totalement indépendant de ma volonté. Shady part of me est arrivé entre mes mains en même temps que Contrast, pendant que je cherchais des jeux à faire sur le Gamepass (le temps que je l’ai encore) et celui-ci m’a donné envie. Et je n’ai pas été déçu de cette découverte.
Shady part of me est donc un jeu de plateforme et de réflexion créé par le studio français Douze Dixièmes et sorti sur plusieurs plateformes de jeux en 2020 dans lequel on incarne une petite fille à l’identité indéfinie. Il s’agit là du premier jeu du studio qui a donc décidé de se lancer dans un jeu de réflexion basé sur des jeux d’ombres et de lumière dans lequel on incarne une jeune fille qui a peur de la lumière et une ombre plus mature qui souhaite sortir à l’extérieur et vivre dans la lumière.
Insérez ici une blague avec Clair et Obscur dedans
La jeune fille décide d’aider l’ombre à atteindre la sortie en espérant s’en faire une amie. Toute l’histoire va se baser sur l’entraide des deux personnages et leur dualité lumière/ombre. Le ton du jeu est un peu amer, très mélancolique et triste. Les personnages ont deux caractères qui s’opposent et cela se traduit au travers de leurs dialogues et des environnements que l’on parcoure, commençant dans des décors un peu tristes, oniriques mais classiques pour aller jusqu’à des décors défiant toute logique.

Alors qu’on avance, nous comprenons vite que la petite fille est dans ce qui semble être un mix entre un hôpital et un orphelinat dans lequel vivent d’autres êtres aux têtes de rouleaux de papiers ou de boîtes en cartons qui sont parfaitement silencieux et semblent ne même pas voir nos héroïnes ou alors ne suivre des yeux que la petite fille. Chaque petite chose dans le jeu est pensé pour exprimer l’anxiété de nos personnages qui paraissent y être enchaînées de diverses manières, l’une encourageant l’autre à avancer et vice versa. Leur dualité s’exprime autant que leur symbiose, aucune des deux ne peut aller au bout des choses sans entraide : le jeu s’avère ainsi hautement symbolique.
Echapper à ses peurs, son ombre, ses souvenirs
Très vite dans le jeu on comprend, au travers des paroles d’un autre personnage que l’on peut uniquement entendre parler, que tout semble être une séance psychiatrique intense à laquelle les deux héroïnes ont droit. Pour résoudre leurs problèmes elles doivent choisir ou non de suivre les conseils et les encouragements du psychiatre, parfois au ton neutre, d’autres fois au ton paternaliste mais les poussant toujours à s’enfoncer dans les différents niveaux pour les résoudre et mieux se comprendre.

A mesure que l’on avance, les niveaux se corsent et demandent plus de réflexion. Le jeu peut s’avérer simple malgré tout mais la difficulté se situe là où se trouve dans les détails. En effet le jeu cache dans chaque niveau des petits oiseaux en origami, autant dans la lumière que dans l’ombre, et chaque oiseau ramassé permet d’en apprendre plus sur l’état d’esprit de nos personnages, sur leurs pensées, leur mal être ou leurs espoirs et aspirations. Ils sont donc essentiels pour compléter notre compréhension du jeu et s’avèrent tantôt funs, tantôt frustrants à attraper (j’en ai laissé passer une paire parce que je ne comprenais tout simplement pas le pattern des puzzles même en y restant bloqué de très longues minutes) et c’est de très loin ce qui rend le jeu le plus compliqué.
Shady part of me est excellent dans ses phases purement réflectives mais s’avère parfois un peu brouillon ou difficile à comprendre, notamment dans la dernière partie du jeu qui nous tourne littéralement la tête, nous permettant de faire des changements complets de gravité pour l’ombre. Les puzzles montent également en difficulté, demandant parfois un peu d’adresse et de vitesse pour ne pas perdre l’une ou l’autre des héroïnes dans l’ombre ou la lumière et il est parfois rapide de se planter, ce sentiment étant exacerbé par la présence des origamis à ramasser.

Shady part of me s’avère donc être un jeu solide à l’histoire emprunte de douceur et de tristesse, au dénouement certes attendu mais intéressant et au gameplay subtil, tantôt accessible, tantôt hermétique mais jamais totalement impossible. Bien que j’ai pu détecter quelques petits bugs dans le jeu, rien qui ne vienne pour autant entâcher la qualité du jeu notamment grâce à la touche permettant de faire un retour en arrière qui est plus que salvatrice pour plein de raisons et permet, je l’avoue, de contenir plus d’une crise naissante lorsque des niveaux s’avèrent un poil trop retors à mon goût.
L’histoire permet de se rappeler qu’il faut savoir s’accepter, s’aimer et prendre soin de soi, bien que je trouve les interventions du psychiatre un peu trop paternalistes et autoritaires elles ne sont pas inintéressantes et ont un réel impact sur les personnages ainsi que sur le gameplay qui s’avère plus dur à mesure qu’il nous pousse à avancer. Sans être parfait, parfois rageant car difficile à comprendre, Shady part of me nous tient dans tous les cas par son histoire qui peut résonner en chacun.e d’entre nous et c’est là son point le plus fort. Je ne peux que recommander d’y jouer et de suivre les aventures des deux personnages que tout oppose et qui sont pourtant indissociables pour réussir à s’en sortir.

