Logo et image promotionnelle de South of Midnight, montrant le haut du buste de l'héroïne de dos, la tête tournée vers nous avec un léger sourire, entourée par les différentes étapes du jeu et montrant le bayou qu'on y découvre, elle porte un outil de couture dans le dos et a un serpent lui grimpant sur l'épaule droite.

South of Midnight est un jeu qui a été initialement présenté en 2023 durant le XBox Games Showcase, l’évènement post-E3 de XBox. Le jeu nous présentait alors un bayou moderne dans lequel l’héroïne allait devoir se battre. La DA très marquée faisant penser à du stop motion et l’univers particulier dans lequel le jeu allait se passer a attiré une partie du public, dont moi, même si j’avais peur de phases de combat à la Souls (spoiler : is okay).

Légendes du Sud (des USA)

Le jeu est donc sorti au début de ce mois d’avril 2025 et je m’y suis lancé à corps perdu dès que j’ai pu. South of Midnight nous met dans la peau d’Hazel Flood, une jeune femme vivant dans un mobile-home perché au-dessus d’une rivière dans le sud profond des Etats-Unis. L’intro du jeu nous permet de découvrir les personnages, les relations qu’ils entretiennent avec notre héroïne et nous permet de voir qu’Hazel est un peu en colère contre sa mère. Notre première tâche dans le jeu va nous pousser à explorer un peu l’histoire d’Hazel et à découvrir son voisinnage (qu’elle aime beaucoup) durant un ouragan pour leur filer un coup de main quand soudain, le jeu décide de se lancer et le mobile-home, où se trouve encore la mère d’Hazel, est poussé de ses pilotis et se trouve emporté par la rivière en furie. Hazel décide donc de courir après afin de sauver sa mère.
C’est là que l’on découvre que South of Midnight est un plateformer dans la plus pure tradition des plateformers 3D. Des sauts, de la course, de la grimpette, une musique qui nous pousse à courir… Tout est là pour nous promettre de bonnes heures de jeu.

Capture d'écran de South of Midnight où l'on peut voir Hazel au pied d'un arbre gigantesque à bouteilles bleues, illuminés de toute part sur un fond lumineux orangé
Hazel au pied d’un grand arbre à bouteilles

Plus tard dans le jeu arrivera notre premier combat contre des ombres suintantes (des hanteurs) qu’Hazel devra détruire pour démêler une pelote de mauvais souvenirs et libérer la zone de son influence. L’univers est inspiré des mythes et légendes cajuns et créoles et nous est expliqué par un poisson-chat gigantesque à la peau semblant être faite de patchwork de tissus colorés et de boutons brillants. Mais grossièrement, Hazel est une Tisseuse, c’est à dire qu’elle peut voir les fils et réparer la trame de l’histoire pour apaiser les rancoeurs et les esprits qui y sont liés. Elle va être amené à parcourir le bayou pour retrouver sa mère, nous faisant découvrir cette mythologie (que je trouve très belle et intéressante personnellement) et va devoir réparer la Grande Tapisserie (ce qui revient à aider des créatures mythiques en soignant leurs maux, à commencer par le poisson-chat). Elle va donc devoir enfermer les souvenirs douloureux à réparer dans une bouteille (les arbres à bouteilles sont centraux dans le jeu, au point que l’un d’entre eux apparait sur le titre du jeu) pour aider les différents protagonistes et avancer dans l’histoire afin de retrouver sa mère. Ca, c’est pour l’histoire dans sa globalité.

Voir la bouteille à moitié pleine

Capture d'écran de South of Midnight où on peut appercevoir Hazel, la bouteille dans son dos, marchant sous le porche d'une maison perchée au-dessus d'une rivière. Le brouillard flotte au-dessus de l'eau et la lumière tamisée de la matinée filtre entre les branches d'arbres, projetant les ombres sur l'eau et le brouillard. L'image donne un ensemble paisible et est majoritairement orangée.
Hazel avance prudemment dans le Bayou

South of Midnight nous propose donc l’expérience d’un jeu de plateforme action solide dans un univers peu commun en explorant un bayou tantôt mystérieux, tantôt industrialisé et sale, tantôt verdoyant et rempli de vie. Le jeu n’hésite pas à aborder des sujets difficiles (sinon y’aurait pas de tapisserie à réparer, essayez de suivre s’il vous plaît) tel que l’esclavage qui apparait assez frontalement dès le début du jeu puisqu’on suit des souvenirs d’une ancienne et puissante tisseuse usant de ses pouvoirs pour permettre à des esclaves de s’échapper du quartier des esclaves que l’on est amené à traverser, de rejet, d’abandon, et énormément (c’est quasiment le coeur du jeu et des toiles à réparer dedans en fait) de maltraitance infantile. La façon dont les choses sont abordées reste douce (c’est très rarement graphique) et tranquille malgré tout et le jeu nous pousse de toute façon au mouvement et à l’exploration, même si avoir lu la première histoire, l’avoir vue et suivie et avancer sur la fin du niveau avec la musique qui se met à raconter l’histoire, les regrets et la colère qui y transparait m’a mis de sacrés frissons (frissons qui se sont répétés jusqu’à la fin du jeu).

Capture d'écran de South of Midnight où l'on peut voir Hazel de dos parler avec Barbotte le poisson-chat. Il lui dit "Oooh Hazel ! Sacrées fringues !"
Hazel et Barbotte tapent la discute

On peut en parler de la musique d’ailleurs. Chaque fin de niveau va nous amener à devoir soigner/réparer des maux qui laissent un trou dans la tapisserie. Ces fins de niveaux, s’apparentant plus ou moins à des boss en fonction du niveau (il y’a des boss mais parfois il ne s’agit aussi que d’un passage de plateforme assez ardu), sont accompagnées d’une musique spécifique qui nous raconte ce qu’on a découvert d’un point de vue ou un autre, avec une instru particulière adaptée aux personnages ou à l’histoire. Si le jeu en lui-même n’est pas avare en musiques le reste du temps, lorsque la musique de boss se déclenche ça ne rate pas, c’est beau, c’est unique, ça apporte du plus à l’histoire qu’on a découvert et ça apparait comme si tous les souvenirs se déversaient enfin de la bouteille pour retrouver le calme et la sérénité, comme une lettre d’adieu aux regrets, aux maux qui rongent. Le jeu se montre étonnemment poétique, si l’héroïne n’est pas en reste de compassion, de colère et d’interrogation lorsqu’elle découvre les différents objets du passé (des lettres, des mots oubliés, des journaux etc), le jeu se montre comme un long poème qui inscrirait la légende de Hazel dans l’histoire comme celle qui vient réparer les torts. Cette sensation de poésie est très fortement appuyée par la mythologie, par les apparitions de Barbotte et sa voix chaude qui nous conte les aventures de Hazel mais aussi et surtout par la DA du jeu, cette animation si particulière en stop motion et ces couleurs chaudes et douces.

Tisser dans le sens du vent

Alors que dire de South of Midnight ? Sans transcender le genre pour s’imposer totalement, le jeu s’avère être un plateformer étonnamment efficace avec un arbre d’améliorations de compétences qui nous pousse à fouiner pouvoir devenir plus puissante et rendre les combats plus simples. Les combats sont d’ailleurs pour moi le point faible de ce jeu : uniquement dans des arènes fermées définies avec des techniques simples et communes aux jeux du genre (même si Croûton vient un peu changer le game à son apparition), les combats se font uniquement à base d’attaques et d’esquives, les arènes parfois très grandes et remplies d’ennemis rendent la lisibilité un peu difficile par moment. Les combats contre les boss poussent à un peu plus de réflexion et d’agilité qui les rendent eux intéressants sans pour autant casser trois pattes à un canard.

Capture d'écran de South of Midnight où l'on voit Hazel en pleine action frappant un monstre
Hazel en train de frapper une variété de Hanteur

En dehors de ce point faible à mon sens, le jeu s’avère extrêmement solide, son univers assez unique et sa DA très marquée et absolument sublime sont des atouts majeurs dont South of Midnight n’a pas à rougir. A défaut de nous offrir un véritable défi ou de réinventer le genre, South of Midnight nous propose d’explorer un monde chatoyant avec une excellente histoire et des sujets bien abordés, accompagner Hazel dans ses péripéties s’avère être un plaisir tant l’héroïne se montre intelligente, émotionnelle et sympathique.
Je recommande ce jeu à toute personne cherchant à jouer à un plateformer bien huilé dans un univers unique en son genre.

En complément, je vous ajoute le trailer officiel du jeu et un article qui explore un peu les mythes et légendes de South of Midnight (l’article spoile un peu donc si vous voulez jouer au jeu je vous conseille de le lire plus tard).